Le problème des "Mbog", il faut bien qu on en parle finalement-3ème partie:La Réformation
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- Publié le mardi 17 septembre 2013 12:07
- Écrit par Mbombog KEND DJON LI DJON
La réformation.
« Ba niiga bé man lè èèg mim nyuñ ». Nous n’avons plus besoin qu’on nous apprenne qu’une reformation systématique du Mbog basaa s’impose aujourd’hui comme la condition sine qua non à l’évolution de notre peuple. Les raisons en sont simples : Le tissu traditionnel aujourd’hui n’a plus rien à voir avec ce qu’ont connu jadis nos plus anciens parents. A cela, s’ajoutent les donnes politique, économique, financière et technologique qu’il ne faudrait surtout pas négliger. Bien au contraire, c’est en tenant compte de ces nouveaux aspects de la société humaine, et en y apportant une adaptation adéquate par rapport à la nôtre, que nous pourrons être certains de nous doter d’un instrument qui puisse à nouveau répondre aux besoins de nos peuples.
Le Mbog basaa à l’origine comprenait outre la tribu basaa telle qu’elle se présente aujourd’hui, d’autres peuplades qui se sont éloignés de notre sol et de notre administration coutumière. A peine les connaissons-nous encore. Pourtant, l’organisation ancienne les prenait en compte comme des maillons incontournables de la chaîne mystico-spirituelle au centre de laquelle se trouvait notre peuple. De cette dislocation est né l’affaiblissement du Mbog qui se poursuit sans qu’on ne puisse rien faire.
De prime abord, la redéfinition des rôles au sein même de la tribu s’avère incontournable. C’est de manière que nous devons savoir désormais qui est autorisé à devenir Mbombog (mpepèè), Ńu-UM ou Ngé-ngé, etc. Car chaque moindre amalgamation dans notre système contribuera efficacement à fragiliser notre société. Prenons pour cela un exemple des plus marquants : le cas du Ngéé. Aujourd’hui, tout homme qui veut s’affirmer comme tel fait couramment recours aux rites y afférents. Les patriarches n’y sont pas exempts, bien au contraire, nous en retrouvons qui sont à la fois Mbombog matuk, Ńu-Um, et Ngé-ngé, rosicruciens, maçons, etc. Ce qui est tout simplement grave pour notre peuple, fait qui relève de l’ignorance criarde que nous faisons des lois cosmiques et de la cupidité humaine.
Peut-on servir deux maîtres à la fois ? Jésus le demandait autrefois aux siens en parlant de Mammon et de Dieu. La réponse à cette question est non ! En ce qui concerne la confrérie UM, un Ńu-Um est le symbole de la pureté, n’en déplaise à ceux qui rapportent des choses sans les connaître. Il ne peut se mêler des trafics d’ossements, de la tuerie, du faux et usage de faux, etc., sans quoi, il s’expose à une nature contraire à celle de son maître UM avec qui il ne pourra plus avoir commerce.
Beaucoup d’entre nous pensent que le redressement de notre peuple passe par un retour forcé au passé. C’est-à-dire par la restauration de l’ordre ancien des choses. Or cela ne se peut tout simplement plus bien qu’à certaines mesures nous n’ayons d’autres recours pour retrouver nos marques de gloire. Toutefois, nous devons avancer avec la société et avec notre temps. Seulement l’avancement et le changement préconisé ne doivent pas rimer avec la fornication. C’est-à-dire que nous ne devons pas muter le fondement ancien pour le simple plaisir de muter et de suivre la mouvance de la société. Car tous les aspects de notre société moderne ne sont pas forcément bons à suivre. C’est le cas de l’intégration prononcée des patriarches dans la politique et le gouvernement qui est une aberration. Le patriarcat doit rester une affaire d’initiés, de mystiques et des gardiens de la tradition et non pas des gardiens d’une certaine politique des hommes qui reste l’apanage de nos chefs des villages et des cantons. Le patriarcat doit inspirer crainte et respect par sa sagesse et sa maîtrise parfaite des lois du cosmos et non par un autoritarisme étatique. C’est au contraire en s’attachant foncièrement à son rôle et en se démarquant distinctement de celui des autres que sa dimension retrouvera son ampleur d’antan.
Les mutations préconisées visent essentiellement les conditions d’intégration au sein de nos confréries ; la nouvelle structuration de notre tissu social ; la prise en compte des nouveaux clans naissants ; ou les lois devant désormais régir notre société nouvelle. L’ordre et l’aspect des rituels doivent aussi être forcément revus. Ce que firent raisonnablement nos pères sur Ngog-Lituba en procédant à un nouveau dénombrement de notre peuple et en coptant divers rituels des peuples voisins introduits par la suite au sein de la congrégation Mbog Basaa. Il est temps d’en faire de même !
En faisant de même, il est donc important de savoir faire la nette différenciation entre s’instruire de ce qui se passe ailleurs, d’autres formes de cultures spirituelles, et devenir à nouveau des âmes serviles des religions et des ordres qui nous appauvrissent mieux qu’ils ne nous servent. On ne peut pas pagayer plusieurs pirogues ni suivre plusieurs lièvres à la fois comme le croient ceux qui prônent leur appartenance à la fois à la chrétienté et à notre ordre traditionnel. C’est faire preuve d’une ignorance malheureuse des lois régissant nos différentes traditions. Que dirais-je, de tels adeptes ne servent finalement ni l’une ni l’autre tradition, mais leur intérêt propre qui s’en trouve ainsi fâcheusement desservi.
Certes, dans une tradition comme dans une autre on peut trouver des pratiques et des enseignements propres à aider l’entendement et à faciliter notre évolution vers le sommet que nous recherchons tous. Mais étant donné que toutes nos traditions ne servent pas les mêmes causes, il devient alors important de n’en pratiquer qu’une seule, même si on peut avoir commerce avec d’autres dans le but uniquement de l’émergence de sa personnalité spirituelle et mystique.
Dans l’initiation magique, il y a un premier travail qui vise l’amélioration du potentiel individuel et un second travail qui lui, vise l’intérêt d’un groupe. Dans le premier cas, l’adepte a besoin d’élargir son propre champ de perception et aussi de se libérer des entraves du plan physique avant même de devenir un serviteur. Pour cela, tous les moyens sont bons, car c’est selon les dispositions propres à chacun. Le tout vise à devenir un mystique. C’est cela le plan vertical de la croix ; la recherche de l’excellence ; la fusion avec le haut.
Lorsque cette première fusion verticale est acquise, l’adepte doit dès lors étendre son rayonnement au profit de son environnement immédiat d’abord, et médiat enfin. C’est ici la notion du plan latéral de la croix et de l’appartenance dans des groupes. Le tout forme alors notre fameuse croix ansée, la clé des anciens égyptiens.
L’homme étant crée libre, il peut donc de ce fait adhérer n’importe quel groupe selon ses aspirations personnelles. Mais nous pensons qu’il y a une nuance à faire sur la notion de cette liberté. Car c’est à se demander autrement si nous sommes réellement libres en tant que homme pour faire à notre guise ? Pour ma part, je pense que la notion de liberté est proportionnelle à beaucoup de lois très souvent anodines pour que nous en prenions intégralement conscience. D’où nous ne sommes véritablement libres qui si nous sommes conformes aux dites parmi lesquelles celle qui nous conditionne naître d’un espace particulier et non d’un autre. Ce qui signifie que par la loi de notre naissance, nous sommes naturellement liée à une loi d’action que nous devons suivre et servir en fin de compte.
C’est autrement dire que l’appartenance dans des groupes est conditionnée par la jonction, la conjonction et la disjonction des lois des différents plans astraux et cosmiques. D’où avant d’avoir commerce avec un groupe donné lorsqu’on appartient déjà à un autre, il faudrait d’abord savoir s’ils sont régis par les mêmes dispositions astrales et astronomiques afin d’éviter de contrarier la nature de l’un au profit de l’autre et de se donner soi-même inutilement de peine. Car si les lois sont les mêmes pour toutes les traditions, à l’inverse, leurs applications dans la plupart des cas restent contrariantes.
Compte tenu de ce qui précède, un Mbombog-chrétien n’est rien d’autre qu’un égaré et quelqu’un d’autre qui encoure la colère de Dieu. Un tel individu, dangereux d’ailleurs pour l’émergence de notre société, doit purement et simplement être exclu de notre ordre. Car on ne peut pas prétendre être gardien et garant de notre tradition et en même temps servir une institution qui la mutile sans cesse. Déjà, il faut savoir qu’on n’attend pas devenir Mbombog pour ensuite être chrétien. On devient Mbombog après qu’on ait fini de cavaler et d’acquérir sa personnalité mystique. C’est de manière qu’on ne fouille ailleurs que dans le souci de la coopération et de l’émergence de toute la société humaine.
En tant que religion, l’église chrétienne dans toutes ses formes n’a rien à nous apporter en tant que tradition. La preuve en est que Jésus Lui-même qui en est le père présumé n’a rien apporté de nouveau sous le soleil, mais plutôt un vieil enseignement qui était d’ailleurs mieux connus des africains que quiconque : l’amour. Je pense que c’est la raison pour laquelle le fils de l’homme ne trouva pas bon de se balader chez-nous. Sinon qu’avait-il à nous apprendre si ce n’est à tout prendre de nous ?
Il faudrait donc qu’on arrête de suivre aveuglement les autres et assumer courageusement notre destinée qui ne passe malheureusement pas par la chrétienté. C’est d’autant plus important que dans ce christianisme en question la notion de Dieu n’intervient qu’en dernier ressort et à travers de vains mots, contrairement aux fins mesquines qui font son apanage : l’argent et le contrôle du monde à tout prix. D’où sa préoccupation première est de puiser chez-nous et de reverser ensuite au véritable ayant-droit. La preuve, voilà une institution bien que se réclamant de Dieu qui ne paie ni taxe ni douane, mais bénéficie au contraire des subventions des contribuables et s’accapare gratuitement de nos terres et de nos patrimoines culturels tout en nous vendant jusqu’aux simples prières. On me dira qu’elle construit les écoles et les hôpitaux et forme nos cadres. Soit, mais alors à quelle fin et à quels prix ? En quoi se diffère-t-elle des autres institutions qui elles, doivent payer chaque fois la note au trésor public ?
Il faut que les hommes de notre peuple se réveillent enfin, et avant eux, les patriarches que nous sommes ! Et qu’on n’attende surtout pas qu’on vienne nous l’apprendre. Mieux vaut périr dans sa propre loi d’action que de périr dans la loi d’action d’autrui. Car même dans le plus petit rituel spirituel git une entité au service d’un âme-groupe communément appelé égrégore. Ce sont ces égrégores qui font nos différents systèmes. Et plus un égrégore est grand, plus il a de l’influence sur les groupes plus petits. Alors arrêtons donc de vivifier les égrégores qui nous avilissent et nous appauvrissent.
Nous devons rechercher au contraire les voies pour sauver notre race si nous voulons relever les défis de la misère et de l’esclavage moderne. Pour cela, nous devons rejeter systématiquement toutes les formes de pratiques extérieures et retrouver l’axe du Soleil comme nos pères avant.
Les patriarches aujourd’hui n’ont du regard que sur la manne qui provient des mamelles des gouvernements. Ils cèdent eux-aussi au chantage des vicissitudes de la vie quotidienne quand même on n’atteignait ce haut degré d’initiation que lorsqu’on avait outrepassé toutes ces choses. De cette manière, nous ne pourrons jamais jouer notre rôle. Et notre rôle aujourd’hui est de soigner nos populations et de servir de contrepoids aux régimes et aux systèmes. A ce titre, je suis convaincu, pour ne pas dire que j’ai l’intime conviction que si nous retrouvons notre véritable place et jouons convenablement le rôle qui est nôtre, nous serons d’une plus grande utilité pour le monde. C’est ce qui s’est produit avec la décolonisation. La force du courant nationaliste ne venait de nulle part ailleurs que de nos traditions et principalement de nos patriarcats. C’est ce qui se décidait la nuit dans nos brousses qui s’accomplissait en plein jour dans les villes et les villages. Eh bien, il est temps de retrouver cette même étincelle magique qui permettait autrefois à toutes nos traditions africaines de commuer ensemble et de muter à leur guise les courants énergétiques défavorables. Mais pour arriver à une telle fin de corruption de la nature, il nous faudrait devenir des « durs » et aussi comprendre en dernière analyse que ce n’est que par l’élévation de nos âmes vers le sommet et par une pratique incessante du culte solaire, et non par des théories savantes qui n’ont jamais créer quoique ce soit.
Bon ! C’est du moins mon point de vue personnel. Des patriarches, nous le sommes tous, mais chacun sait où il émarge et n’a donc de leçon à recevoir de quiconque autre
Mbombog Kend Djon.