ETAT BASSA XVè-XIXè siècles:Citoyenneté et Statuts

            Les Classes existent dans tous les Etats et communautés. Et contrairement aux études qui évoquent souvent la société Bassa comme une communauté égalitariste,l' Etat Bassa comportait en son sein plusieurs classes de citoyens.

 

             Le Mbog Bassa, L Illustre Ordre millénaire, socio-culturel, Négro-pharaonique , souverain et sacré, par sa précieuse spiritualité monothéiste, ses nobles Philosophies et doctrines avait faconné, le cadre politique, juridique et philosophique de l Etat Bassa. Cet Ordre avait aussi par conséquent définit les bases d une citoyenneté ouverte. Les classes de citoyens ne se sont pas définies de manière spontanée. Mais elles ont été le fruit d une profonde réflexion dont les invariants vecteurs étaient :

-Le Régime politique, articulé autour des principes de Démocratie et de participation totale du groupe, avait engendré un système évolutif et libéral.

-La Doctrine sociale du Mbog, fondamentalement humaniste, avait canonisé la valeur Travail ; fondant ainsi une Ethique où, la méritocratie servait de pivot central.

-Les généalogies sacralisées, toutes issues de nos divins couples fondateurs.(1)

- L' Hospitalité comme principe d une culture et d une civilisation complétait l' ensemble.

        S agissant de la période qui nous intéresse , c est à dire de leur installation au Sud Cameroun jusqu 'à la conquête coloniale ( XVè-XIXè siècles), quatre paramètres furent indexés afin de définir une grille d' appréciation. Il s agit de :

         1-L' Antériorité de l'installation

         2-La Participation aux conquêtes territoriales

         3-Les Généalogies Lia'a

         4-Les Migrations et le casier judiciaire

L Antériorité de l' installation

        Les Bassa ont toujours manifesté un immense respect pour les peuples qui les ont accueillis dans le vieux Cameroun.Et particulièrement les Banen, Les Yambetta, les Bati.Ces peuples ont été par la suite des composantes majeures du Mbog Bassa. Les membres de ces différentes communautés , devenues bassa, étaient par conséquent Electeurs et Elligibles.

La Participation aux conquêtes territoriales

Les rapports n ont pas toujours été cordiaux avec tous les peuples.Il fallait donc livrer les guerres pour occuper l espace .Les leaders ayant participé activement à cette conquête ont acquis des récompenses. Le peuple en leur accordant les titres politiques de premier plan:Mbombok, Ngué, Um etc...leur témoignait ainsi sa profonde reconnaissance et gratitude

Les Généalogies  Liaa

      Les descendants des neuf divins couples, ont des droits que l on pourrait qualifier de « droit de sang » .Ce sont les Bed Lon.Les maitres de la terre. Mais on doit pas oublier que c est eux qui fournissaient le plus grand nombre de guerriers pour les conquêtes.

Casier judiciaire et Migrations

     Le casier judiciaire avait aussi une incidence sur le classement des citoyens. Cette catégorie regroupaient les Minkoll ; personnes ayant fui un Etat voisin  afin de soustraire à la justice. Les captifs Bayong sont des personnes ramenées comme butins de guerre.

Il faut ajouter que ces deux dernières catégories, pouvaient soit par le rite de l adoption « djo tomba » ou le mariage, se fixer dans une généalogie. Changeant par la même occasion de statut.

Autre statut de citoyen « Nlolo », ou l Immigré était très présent dans le pays Bassa. On distinguait l' immigré du travail « Nlolo misonn», et le « Nlolo muda »(2) l immigré pour une femme. Les droits et les devoirs de cette catégorie s apparentaient à ceux des Minkol et Bayong. En dehors du   mariage ou de l' adoption, il fallait attendre la troisième génération pour que les descendants puissent acquérir les même droits que les autres classes de citoyens. Mais Nlolo, comme le Nkol et le Bayong pouvait, par son Travail (métallurgie, travaux agro-pastoraux,etc...) changer de classe. Car le travail est un pilier de la société Bassa . Cette canonisation de la valeur Travail se trouve dans le dogme sacré  : « Mison mi hiel mut Gwélés » C est à dire « Le travail anoblit tout être humain »

     L existence de ces classes de citoyens peut paraître incongrue, tant la Noble dynastie solaire des SAA se voulait une société humaniste et libérale. Et elle le fut. Car le rite de l adoption, les relations matrimoniales, l' hospitalité assouplissaient considérablement les conditions des unes et des autres classes. On ne pourrait oublier l institution de Limil qu on peut  traduire par « vassal »,« protégé », « subordonné »ou « apprenti ». Un principe qui permettait à chaque citoyen âgé( quelque soit son statut) de coopter un Limil, parmi les cadets . Ici seuls les critères d âge et le degré de connaissances(plantes médicinales, pêche, agriculture, Art de la séduction...) étaient prépondérants. Donc un jeune adolescent de la classe de Bed lon pouvait être un Limil d'un adulte ou ainé de la classe de Nkol ou lolo.

     Fidèle à sa doctrine libérale et humaniste, le Mbog , a créé des classes et non des castes.Grâce au Travail ,chaque citoyen pouvait changer de classe . Les droits et les devoirs, comme le statut du citoyen n étaient gravés sur du marbre.

 

I kété li nyang

Francis

(1) Voir article le mythe de ngo lituba I et II .

(2) Le peuple frère Beti appelle « ntobo sié » et « ntobo miniga » ces deux catégories

Bibliographie

Mbog Liaa le savoir social-Pr MBOUI Joseph -1967

Travaux du Pr Nouk Bassomb

Monographie sur la nationalité bassa-Pr Dika akwa

Les Bassa du Cameroun Cahiers d outre mers-LM POUKA-1950

Sources orales

 

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